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Avant propos

 

LE COMMERCE EXTERIEUR DU LIVRE EN 2024

Statistiques douanières

En synthèse

Le chiffre d’affaires des exportations de livres français en 2024[1] affiche un petit recul de 1,2% par rapport à 2023, s'établissant à 694,2 millions d'euros (M€). Cette baisse survient après une année 2023 où l'exportation des livres français avait dépassé le seuil des 700 M € (702,6 M€).

On retrouve ainsi en 2024 niveau d’exportations identique à celui de 2022, marquant une stagnation relative du secteur, qui continue de faire face à des défis structurels et conjoncturels.

2024 confirme cependant une réelle reprise des exportations sur le long terme (+4,1% par rapport à 2019, année de référence du « monde d’avant-Covid », avec un chiffre d’exportations de de 666,8 M€.

Ce très léger repli de l’export est tout à fait conforme à l’évolution du CA net 2024 de la vente globale de livres par l’édition française de 2.796,3 M€ en 2023 à 2.763,2 M€ en 2024, soit -1,2% à l’identique.

La part du CA export par rapport au chiffre d’affaires de l’édition française[2], reste ainsi équivalente à celle de l’an dernier : 18,8%.

L’analyse menée à partir de la nomenclature des Douanes, -qui distingue 4 catégories : livres, encyclopédies, feuillets (produits imprimés non reliés), et cartes-images-atlas-, indique un léger repli de la catégorie livres stricto sensu à -1,1%, tandis que la catégorie encyclopédies augmente de +32% ( +0,6M€, principalement à destination du Canada), que la catégorie feuillets affiche un repli 6% (principalement à destination du Luxembourg et de la Suisse),  et la catégorie  cartes+images+atlas une hausse de 5% versus 2023.

Notons que les statistiques douanières sont, depuis 3 ans, plus difficiles à exploiter.

Les chiffres 2024 publiés ici, comme ceux de 2023, prennent en compte des retraitements très importants, opérés en fonction des réponses obtenues de la part des Douanes françaises et aussi sur la base des chiffres collectés par la Centrale de l’Edition (activités Assurance-crédit et Transport).

Les 2 principales sources d’erreur recensées dans les statistiques des Douanes sont les suivantes :

  • Transferts opportunistes par Amazon, de leurs stocks de livres français d’un pays européen à l’autre, à la recherche de coûts d’exploitation moindres.
  • à la suite du Brexit début 2021, utilisation de la France par certains exportateurs britanniques, comme plateforme d’entrée dans l’Union européenne puis d’expédition vers d’autres pays de l’UE.

Ainsi pour 2024, un retraitement à la baisse de 83 M€ au total a été opéré sur les importations en provenance du Royaume-Uni et retiré parallèlement des exportations françaises vers plusieurs pays d’UE

Les importations de livres en France (incluant les livres français imprimés à l’étranger) ont diminué en 2024 à 829,8 M€, soit une baisse de 13,8% par rapport à 2023.

En revanche, les importations et fabrications en provenance d’Asie (y compris l’Inde) ont augmenté de 13,7% (+30,5 M€) à 165,5 hausses M€, du fait d’une forte demande d’impression du marché français et de la hausse des coûts de fabrication en Europe.

En conséquence, le déficit commercial du Livre se résorbe significativement à 135,3 M€, chutant de près de la moitié par rapport à l’année précédente : 259,8 M€.

Sa part reste très modeste (0,17%) dans le déficit global de la balance commerciale française de 81 milliards d’€uros. Ce dernier a bien de même, bien diminué en 2024 par rapport à 2023 ( -100 milliards €) et par rapport au record de 2022 à 263 milliards d’€uros.

 


[1] Périmètre Export pour les douanes : Outre-Mer (DROM & COM) + Etranger

[2] Exprimé en CA net facturé par les distributeurs aux clients, hors cessions de droits.

Évolutions des principaux marchés à l’export

Francophonie et Non-Francophonie

  • Francophonie du Nord : la part des pays francophones du Nord dans les exportations françaises de livres a légèrement augmenté, atteignant 64,0% en 2024, contre 63,3% en 2023. Cette hausse est due à une augmentation des achats des Départements et Collectivités d’Outre-Mer (+ 5,2 M€) . Pour autant, les 4 premiers importateurs traditionnels : Belgique, Suisse, Luxembourg et Canada gardent une part de marché prépondérante et représentant 53,9 % du marché global.
  • Francophonie du Sud : Les pays francophones du Sud sont en net repli de 10,4% par rapport à 2023, Ce recul tient pour une grande partie à l’effondrement du marché algérien (à nouveau -33% par rapport à 2023 et -75 % par rapport à 2014 : -14 M€)
  • Pays non francophones : Les exportations vers les pays non francophones en 2024 représentent 28,2% du total des exportations françaises de livres, un chiffre stable par rapport aux dernières années. Ces marchés sont de plus en plus diversifiés, avec une demande croissante pour des livres spécialisés dans les secteurs éducatifs et culturels.

 

Marchés particuliers et performances par zones

  • Europe : Les principaux marchés européens, à savoir l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, et l’Italie, continuent de peiner à retrouver leurs niveaux d'achats d’avant-crise sanitaire de 2020. Ces pays affichent une baisse moyenne de 10% par rapport à la période 2015-2020. Cela reflète la concurrence croissante des livres numériques, qui grignote une part importante du marché du livre physique, et le moindre appétit général pour la lecture.
  • Moyen-Orient : Le Liban, premier importateur mondial du livre français (à parité avec le Maroc) avant les crises successives qui ont touché le pays en 2020, reste le premier pays importateur du Proche et Moyen-Orient Il a ainsi enregistré une baisse vertigineuse de ses achats de livres français : de 8,8 M€ en 2019 (chiffre habituel des années antérieures) à 1,8 M€ en 2021, niveau le plus bas inédit, pour revenir à 5,0 M€ en 2024, ce qui le ramène à la 15ème place des pays importateurs en 2024.

Un accord financier avec le FMI (en cours de négociation par le nouveau Gouvernement) va permettre le retour à la stabilité de la livre libanaise et une reprise appuyée des importations de livres sur un marché asséché en ouvrages français. Les Emirats Arabes Unis et l’Egypte avec des achats stables dur ls dernières années, gardent leur place de 2nd et 3è importateur de la zone.

 

  • Au Maghreb, l’effondrement de l’Algérie comme pays client de la France (-75 % par rapport à 2014) plombe la performance de la zone, alors que le Maroc reste stable en moyenne sur les 4 dernières années (hausse escomptée dans les prochaines années grâce au réchauffement de nos relations diplomatiques) et que la Tunisie tente difficilement de se remette de la crise économique, sociale et politique qui touche le pays : -30% par rapport à l’an dernier
  •    Afrique francophone subsaharienne : le marché africain francophone subsaharien affiche un repli de 8,6% en 2024 par rapport à 2023. Il est principalement dû à la baisse des 3 premiers pays importateurs traditionnels de la zone : Côte d’Ivoire ( -0,9 M€, -20%), Sénégal ( -1,8 M€, -32%) et Cameroun (-1,7 M€, -46%) respectivement. Mais parallèlement, des marchés irréguliers permettent à d’autres pays des achats massifs de livres français (uniquement ouvrages scolaires et parascolaires). En 2024, il s’est agi du Congo-Brazzaville ( + 1,4 M€, +71%) et du Niger (+ 1,3M€ , + 340%).
  • Amérique Latine : Après une belle reprise en 2023, le marché latino-américain a connu à nouveau un repli significatif en 2024 :  -21% par rapport à l’année précédente. Tous les pays de la zone sont en recul, à l’exception du Brésil (+13%), du Pérou (+10%) et de l’Equateur (+26%).
  • Outre-Mer : Les territoires d’outre-mer retrouvent un peu de tonus par rapport à l’année précédente : + 8,8 %. Cette reprise est particulièrement marquée en Réunion, Martinique et Guadeloupe. A Mayotte même, et malgré la crise post-cyclone Chido, les achats ont augmenté de 0,4 M€ (+15%) .

Perspectives pour 2025

Les exportations du premier quadrimestre 2025 sont exactement au même niveau que sur la même période de 2024, malgré une baisse de 13% des exportations vers le Maghreb (nouvelle baisse de 75 % de l’Algérie et repli de 17 % des exportations vers le Maroc).

Les perspectives pour l’année restent pour autant relativement optimistes, nous misons sur une hausse des exportations vers l’Afrique francophone subsaharienne et la poursuite de la reprise en Amérique Latine.

Pour autant, le marché du livre à l’export est mature et reste globalement stable, et il est confronté à de nombreux défis, dont la concurrence croissante du numérique, les turbulences géopolitiques ainsi que la volatilité des marchés africains et du Moyen-Orient.

L’export du livre français devra explorer de nouveaux marchés, et notamment aller chercher des niches à forte croissance : Chine, Inde, pays européens hors UE, comme l’Ouzbékistan qui, entre 2023 et 2025, aura importé 2,4 M€ de méthodes FLE sur appels d’offres.

                                                                                                                                                                                          Olivier ARISTIDE                                                           
                                                                                                                                                           La Centrale de l’Edition                       
                                                                                                                                      le 26/05/2025